Analyse de traduction

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Växjö universitet…

 

 

 

 

 

 

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Växjö universitet

Institutionen för humaniora

 Arbetets art: D-uppsats

                                           

Ort/år: Växjö:

Översättarutbildningen vid institutionen för humaniora, 2004

Titel: Analyse de traduction d´extraits choisis dans Den svenska julboken de Jan-Öjvind                             Swahn

Författare:   Jacky Mauduit

Handledare:Olof Eriksson     

 

 

 

 

TABLE DES MATIÈRES

 

TABLE DES MATIÈRES. 1

 

INTRODUCTION.. 2

 

But et hypothèses. 3

Matière du mémoire. 5

Méthode et procédé. 7

 

LES PHÉNOMÈNES CULTURELS. 9

 

La multiplicité et la traduction. 9

La référentialité  et la traduction. 11

Les “termes culinaires” et leur traduction. 12

La souplesse des mots composés suédois et  la traduction. 13

L´adjectif et le participe. 13

L´adjectif et le participe. 17

 

LES NOMS PROPRES. 19

 

LES CHANGEMENTS DE STRUCTURE SYNTAGMATIQUE ET SYNTAXIQUE. 23

 

LE FRANÇAIS EST UNE LANGUE LIÉE. 28

 

La forme pronominale. 29

L´étoffement 31

 

CONCLUSION.. 35

 

BIBLIOGRAPHIE. 38

 

Documents annexes. 40

 

1. Texte source

2. Texte cible

3. Corpus

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

INTRODUCTION

 

Les traditions culinaires d´un pays ou d´une région sont très incorporées aux us et coutumes de ses habitants. Ces distinctions symbolisent maintes qualités qui appartiennent à l´épanouissement de la vie proprement humaine et donc à la culture ou à la civilisation. Le T.L.F. informatisée nous dit que cet épanouissement concerne « non seulement le développement matériel nécessaire et suffisant pour nous permettre de mener une droite vie ici-bas, mais aussi et avant tout le développement moral, le développement des activités spéculatives  et des activités pratiques (artistiques et éthiques) qui mérite d´être appelé en propre un développement humain » à la faVon des traditions culinaires d´un pays, surtout quand elles occupent une place de choix dans la vie de bon nombre de Suédois comme il en était le cas pour le brännvin comme Tegelberg nous le confirme (2000:150).

 

Nous avons comme objectif de reconnaître les démarches des deux langues en les opposant l´une à l´autre, et surtout d´analyser l´importance de nos décisions faites à ces raisonnements.

 

Nos décisions prises en traduction seront donc d´importance en ce qui est d´adapter la langue source à la langue cible vu que les situations auxquelles le message se réfère n´existent pas toujours dans la langue cible, étant donné que « plus grande est la divergence entre les cultures des deux langues rapprochées, et plus il est difficile de traduire » (Vinay & Darbelnet, 1977:260). Nous devons nous servir de moyens stylistiques et structuraux appropriés pour rendre compte de la même situation.

 

Cette étude scientifique des langues est une comparaison entre des extraits du Livre de Noël de J-Ö Swahn en suédois, et notre propre traduction en franVais. Elle examine en détail notre propre analyse de traduction qui a soit pour but explicite, soit pour conséquence indirecte, d´influencer la comparaison des langues.

 

Le travail de traduction et en particulier celui de s´adonner aux phénomènes culturels se rapportant à l´espace culinaire et à l´organisation sociale, nécessite un travail minutieux de linguistique. « Man har under senare tid tillmätt frågan om översättning av konnotationer allt större betydelse » (Tegelberg, 2000:203). La subjectivité et le fait que le franVais est une langue aux structures linguistiques très divergentes du suédois – les associations avec les mots ont souvent un sens figuré expliquant le grand nombre de connotations dans cette langue, l´emploi de métaphores étant un phénomène courant dans les textes franVais, « l´animisme qui prête aux choses le comportement des personnes » (Vinay & Darbelnet, 1977:205), il va de soi d´établir de solides stratégies pour pouvoir faire face aux problèmes de traduction.

 

Ce travail contribuant à promouvoir une analyse de traduction, nous trouvons tout naturel d´éclaircir la complexité de phénomènes hétérogènes dans le but de mieux distinguer les valeurs sémantiques et pragmatiques que ces particularités renferment dans chaque langue et chaque culture.

 

 

But et hypothèses

 

Nous voudrions tout d´abord bien disposer le lecteur en faveur de l´ouvrage d´analyse que nous présentons et que nous recommendons.

 

Dans ce mémoire, nous allons débattre sur les différences mais aussi sur les analogies qui engendrent des difficultés linguistiques de traduction entre le suédois et le français.

 

Nous avons également l´intention d´analyser nos propres méthodes par lesquelles nous avons fait passer la langue source à la langue cible et d´en faire une traduction adaptée à la culture de la langue d´arrivée, destinée à cet effet aux francophones qui veulent se familiariser avec les us et coutumes du Noël suédois par excellence. En somme, nous nous lanVons un défi, celui de savoir si nous parviendrons à décrire les quelques plats choisis tels qu´ils nous sont présentés en langue suédoise.

 

La manière de s´exprimer dans la langue afin que les expressions employées ressemblent soit au suédois, soit au français, est une question de perspective, caractérisation et catégories sur le plan morfologique comme syntaxique. Dans ce mémoire, quelques changements dans le message seront-ils nécessaires pour effectuer une traduction stylistique?

 

La traduction est un moyen de faire connaître les moeurs et les traditions d´un pays, comme Newmark l´écrit dans son livre sur la traduction : « Translation is now used as much to transmit knowledge and to create understanding between groups and nations, also to transmit culture » (Newmark, 1988:10). Nous retrouvant face à face avec un texte suédois de départ, traitant d´expressions culturelles, il faut donc faire quelques distinctions pour mieux le comprendre et le déchiffrer.

 

Il ne faut pas oublier que l´authenticité du Noël suédois peut poser des problèmes de traduction sur le plan culturel étant donné que les us et coutumes de langage liés aux traditions sont très caractéristiques et demandent de l´attention et de la réflexion pour répondre aux impératifs du métier de traducteur, ceux de la réussite et de sa propre satisfaction.

 

La spécificité linguistique et solennelle du Noël suédois, « den svenska Julen är en matens högtid – och det har den alltid varit »  (Bringéus, 1988:73), nous forcera à entreprendre, « le langage humain n´étant pas une essence métaphysique, mais un produit historique complexe de l´activité spontanée des hommes » (Mounin, 1968:55), des analyses sémantiques et syntaxiques dans le but de rendre fidélement et idiomatiquement cette langue source au caractère symbolique et cérémonieux, évoquant un grand dynamismeet une information comprimée : deux particularités qu´il est difficile de transposer dans la langue cible. Tegelberg (2000:168) soutient l´affirmation précédente en ce qui est des mots composés suédois : « Den komprimerade och  dynamiska  karaktären hos de svenska sammansatta substantiven är självfallet oftast inte möjlig att återge när uttrycken splittras upp i sina beståndsdelar ». Les mots composés suédois de grande flexibilité dans leur composition lexicale posent des problèmes à la traduction en franVais qui s´oblige le plus souvent à des explications supplémentaires pour mieux en définir le sens. Ces mots composés seront traités comme des unités de traduction si l´on emploi la terminologie de Vinay & Darbelnet (1977:16), quant aux procédés obliques de traduction dans l´intention de mieux les délimiter et par conséquent de se rapprocher du sens exact  de ces derniers.  

     

Ce processus d´analyse nous donne, en somme, la possibilité de nous rapprocher des décisions prises à ce sujet, puis d´examiner nos pensées. Cette pratique avec réflexion « permet de mieux faire ressortir les caractères et le comportement de chacune des langues qui sont comparées » (Vinay & Darbelnet, 1977:25). Il est donc d´importance de nous en tenir au texte d´origine mais en même temps de concentrer nos efforts sur la stylistique de la langue cible afin de contribuer à un certain dynamisme et de mieux l´intégrer à ses futurs lecteurs.

Nous contastons que pour obtenir une équivalence et un style corrects entre les deux langues, il faut employer de temps à autre des parties du discours différentes dans les valeurs sémantiques.Quelles sont nos possibilités dans ce mémoire et quelles en sont ses limites, semblent être les problèmes majeurs de notre analyse de traduction sur le contenu, la forme et le sens des extraits de textes. La traduction est tout à fait possible, si on la considère comme un passage d´information ou un contenu sémantique de la langue source à la langue cible. La traduction, dans ce cas est possible « och om vi nöjer oss med att översättning avses information eller semantiskt innehåll från ett källspråk [...] till ett målspråk [...] då är översättning möjlig  »  (Ingo, 1991:20).

 

Cet ouvrage fait suite au résultat de l´analyse de notre propre traduction, des extraits de texte suédois en langue franVaise intitulés : « julmaten  > la cuisine de Noël, dopp i grytan > detremper dans la marmite, lutfisk > le poisson à la lessive,  julskinkan > le jambon entier de Noël ».

 

Nous constatons que cette science de la science a un caractère de relation réflexive, décrivant cet ouvrage en fonction de nous même. L´ensemble des opérations de l´esprit suppose un bon jugement qui sera le résultat de la comparaison des idées dans lesquelles notre volonté ou nos sentiments joueront un rôle important dans ce travail et son commentaire de traduction.      

 

                                   

Matière du mémoire

 

Après quelques hésitations sur le choix de textes à traduire, nous avons pris en considération des extraits du livre de l´ethnologue Jan-Öjvind Swahn, au titre suivant : «  Den svenska julboken > le livre du Noël suédois » , publié en 1994 et nous faisant revivre les traditions suédoises d´autrefois, tout en les modernisant authentiquement.  « La cuisine de Noël est parmi les composantes authentiquement anciennes de la fête, mais elle aussi est en évolution  »  (Swahn, J-Ö. 1994:39, trad. Rousseau, L.).

 

D´une part nos connaissances en ethnogastronomie sont satisfaisantes pour comprendre la spécificité des termes culinaires que ce texte renferme si nous tenons compte de notre expérience professionnelle, d´autre part il nous sera plus facile d´utiliser des équivalences reconnues entre des situations culturelles  sans point commun entre le suédois et le franVais vu que notre langue cible est notre langue maternelle et que nous nous sommes adaptés aux traditions de la langue source après de nombreuses années d´expérience.

   

Nous pouvons aussi dire que le travail de traducteur requiert des connaissances méticuleuses, des soins scrupuleux des détails, beaucoup de patience et de persévérance à la recherche, dès qu´ « on ne s´écarte de la littéralité que pour des raisons de structure ou de métalinguistique et on s´assure alors que le sens est sauvegardé » (Vinay & Darbelnet, 1977:268), mais il se doit avant toute chose de faire passer la langue source à la langue cible d´une façon correcte et idiomatique dès qu´il n´y a pas d´obstacles de servitudes linguistiques.

 

Il faut bien dire que la culture matérielle d´un pays dans « les domaines ayant rapport aux outils, au foyer et aux vêtements et à la nourriture et à la boisson » (Tegelberg, 2000:147) sont le miroir des moeurs et des coutumes de leurs habitants. « Il est peu de moments de la vie familiale, sociale ou professionnelle qui ne fournissent quelque prétexte à manger, à boire ou à faire la fête » (Mauchamp, N. 1995:93). Ekström, dans sa thèse de doctorat « kost, klass och kön » (1990 :59), nous confirme même que les traditions culinaires d´une société montrent le fonctionnement et l´organisation de celle-ci. En outre, la nourriture nous donne un aperVu sur les différentes classes sociales et la symbolique que la table et les repas exaltent comme la misère, la richesse, le temps, les souvenirs etc… Ces thèmes principaux nous ont vraiment incité à choisir ces extraits de texte du livre de Noël de J.Ö. Swahn.   

 

« Det som gör Julens matvanor särskilt intressenta, är att de återspeglar ett kostmönster som vi egentligen övergett för länge sedan » (Bringéus, 1988:73). Nos engagements sur les festivités à l´occasion des fêtes de Noël et notamment sur le repas de Noël suédois nous apporteront certainement beaucoup d´inspiration sur les problèmes de la traduction et spécialement celui de la linguistique stylistique dans un contexte de langue française. « Le difficile n´est donc pas de saisir les caractères spécifiques des formes stylistiques, mais le rapport entre ces formes et les fonctions poétiques ou littéraires (en définitive,  esthétiques) qu´elles sont censées remplir »  (Mounin, 1968:169). Les  choix linguistiques sont d´importance pour faire revivre un Noël culinaire suédois à un public francophone car il ne faut pas oublier que les connotations naissent par la lecture et que notre rôle de traducteur reste celui de faire de bons choix pour une communication pertinente afin que ces connotations dans la langue cible soient reconnues et acceptées par le lecteur. En sorte, il nous faut d´élaborer des moyens d´expression appropriés aux phénomènes culturels de la langue cible afin de faire de l´effet sur lecteur ce qui rend cette traduction délicate.

     

 

Méthode et procédé

 

 

Notre matériau provient de notre propre travail de traduction. Il s´agit d´un corpus de réflexivité vu que nous analysons le résultat de nos décisions de réflexions prises en traduction.

 

Pour faire de la traduction et devenir un bon traducteur, il faut faire des comparaisons et pour cela il faut deux objets à comparer et de même équivalence afin d´expliquer les raisons pour lesquelles nous choisissons telle traduction plutôt que telle autre. Cela demande l´application de procédés. En fait, un dégagement permettant de passer d´une langue à une autre et d´en expliquer les décisions prises par le traducteur.

 

En premier lieu, nous sommes en mesure de nous en prendre aux mots et expressions qui influencent le buffet de Noël et d´essayer de trouver des équivalents aux phénomènes qui font l´originalité des Noëls suédois. Doppet i grytan, en est un bon exemple. Comment donc résoudre ces problèmes de traduction? Vinay & Darbelnet (1997:263) conseillent de rapprocher « des faits culturels différents, mais qui jouent un même rôle », d´y trouver de bonnes adaptations pour mieux faire passer la culture opposée. Le fait de tremper dans le bouillon n´est pas étrangé aux français puisque le fait de mettre du pain dans la soupe ressemble beaucoup au procédé suédois celui de tremper son pain dans la marmite appelé :   doppet i grytan. Une expression marquant un symbolique plus fort en suédois qu´en français si l´on puisse dire et rendant la traduction susceptible de plusieurs interprétations. 

 

Olof Erikssonconfirme qu´« il s´agit surtout d´analyser les stratégies dont dispose le traducteur pour exprimer dans la langue cible, et en gardant intacts dans la mesure du possible, non seulement le sens mais aussi le dynamisme et l´expressivité du mot original, des notions dont le référent, dans la langue cible, est inexistant ou non identique à celui du mot original » (un cas de référentialité spécifique, 1999:127). Par la suite, il faudra choisir avec réflexion et sensibilité aussi bien sur le plan du lexique comme celui de la syntaxe afin d´éviter une trop grande influence du suédois sur la traduction française.

Nous sommes particulièrement intéressés des espèces verbales et nominales renforcées par des particules et prépositions en suédois, nécessitant l´étoffement des verbes français à l´aide de substantifs ou autres parties du discours, pour en faire des collocations stylistiques à l´équivalence de la langue cible.

 

La traduction est dès lors une discipline pleine d´obstacles linguistiques demandant une indispensable coopération réussie pour l´intérêt des deux langues/textes comparés. « ll semble donc que la traduction, non pour comprendre ni pour faire comprendre, mais pour observer le fonctionnement d´une langue par rapport à une autre, soit un procédé d´investigation » (Vinay & Darbelnet, 1997:25).La linguistique contrastive aide à dégager des caractères qui resteraient invisibles au linguiste travaillant sur une seule langue comme le disent Vinay & Darbelnet.

 

Il s´agit de placer la langue de départ dans son contexte, d´y trouver une situation semblable pour la traduire correctement dans la langue d´arrivée. La conformité des situations permet alors une traduction de même valeur et de même sens, car il ne faut pas nuire au fait qu´une   traduction doit être conforme à la fidélité, aussi correcte et aussi courante que le texte de la langue source  d´après l´affirmation d´Ingo. « En översättning skall ha ett lika äkta, korrekt och flytande språk som en välskriven originaltext » (Ingo, 1991:168).

 

Notre attention sera aussi attirée par les phénomènes culturels représentés en majorité par des noms composés de grande complexité et les noms propres.

 

Les recherches appliquées de quelques linguistes comme Mounin, Newmark, puis Vinay et Darbelnet nous ont aidé à procéder à cette analyse de traduction, mais aussi d´autres spécialistes de langue française, à savoir Eriksson, Svane et Tegelberg dont les démarches lexicographiques et syntaxiques puis les traits sémantiques ont contribué à la rédaction de ce mémoire.

 

Pour nous permettre de voir un peu plus clair dans le monde culturel puis culinaire, il faudra de même faire appel aux ethnologues comme Bringéus et Swahn que nous pourrions considérer comme « les friands des exemples de découpage, parce qu´ils frappent l´esprit particulièrement nettement  » (Vinay & Darbelnet, 1977:261). Les us et coutumes du Noël suédois montrent bien ce découpage à la réalité qui s´en dégage par rapport au Noël français.

LES PHÉNOMÈNES CULTURELS

 

Dans ce chapitre consacré « au monde culturel », tout en reprenant une expression bien connue parmi les linguistes (Mounin, 1990:50-68), nous essayerons d´expliquer quelques distinctions sur la spécificité et les références des deux langues traitées. D´après Mounin, il y a divers mondes de l´expérience que les ethnologues ont pris l´habitude de nommer des « cultures ». « Il y a des « cultures » (ou des « civilisations »)[...] qui constituent non pas autant de «  visions du monde » différentes,  mais autant de « mondes »  réels différents »  (1990 :57).

 

 

La multiplicité et la traduction

 

 

Mounin s´interroge sur la diversité des langues aux cultures ou civilisations hétérogènes qui ont des visions différentes du monde. Cette panoplie de structures linguistiques, de conceptions du monde, de schèmes sociaux influencent les langues et posent des problèmes à la traduction.  « Non seulement la même expérience du monde s’analyse différemment dans des langues différentes, mais l’anthropologie culturelle et l’ethnologie amènent à penser que (dans des limites à déterminer) ce n’est pas toujours le même monde qu’expriment des structures linguistiques différentes »  (Mounin, 1990:59).

 

Quant aux phénomènes dits culturels, nous pouvons nous appliquer au classement des phénomènes de culture matérielle dont la nourriture et la boisson appartiennent – qui accentuent la coupure entre cultures, et à l´organisation sociale dont les coutumes et la vie sociale en font entre autres des catégories selon Tegelberg (2001:144), à propos du dépouillement d´un texte analysé. Tegelberg a été à son tour influencée par le classement des mots culturels de Newmark «  Food is för many the most sensitive and important expression of national culture; food terms are subject to the widest variety of translation procedures »  (Newmark 1988:97). Il est évident que les termes culinaires sont très expressifs. Svane (2002:27)  parle d´images culturelles «  kulturbilder » qui donnent de nombreuses associations et des images typiquement culturelles. Ces mots de notion culturellement spécifique demandent une traduction exhausive traitant donc à fond le sujet concerné.

Des expressions du type « Klippfisk à la ligne (242), bäck (300), torparstugorna (386), drängar (304), bondebygdernas (82,83) ,  mårtensgåsmiddag (333)»  etc…  sont étrangères et sans équivalents dans la langue cible. Elles sont formées d´un contenu sémantique précodé qui les rend aptes à désigner leur référence. En d´autres termes, il faut en connaître leurs caractéristiques pour les traduire avec style et fidélité, puis adaptation culturelle sans quoi elles subissent un appauvrissement regrettable. L´ensemble de l´expérience que ces expressions donnent à son peuple ne recouvre jamais entièrement un autre ensemble. Beaucoup est exigé pour les rendre intégralement dans un contexte de culture française ou bien faut-il dire que la culture et la langue forment un tout impénétrable pour le traducteur? Vinay & Darbelnet  soutiennent la théorie  qu´il ne faut pas s´étonner que les divergences entre deux langues soient particulièrement nombreuses sur le plan de la métalinguistique qui est «  l´ensemble des rapports qui unissent les faits sociaux, culturels et psychologiques aux structures linguistiques» (1977:259).   Des adaptations gardant le sens mais prenant des éléments significatifs dans d´autres domaines, pourraient servir de solutions aux problèmes dans des mondes différents les uns des autres – et pour cela, « le traducteur se trouve amené à masquer, à transposer, à supprimer mots, tours, tons, sentiments mêmes, attitudes, traits de moeurs, tout ce qui risquerait de dépayser son lecteur » (Mounin, 1994 :89),  aux dépends de cette couleur propre à la vie culturelle d’un monde aux références différentes à ceux de la langue cible.

 

En fonction des ressources naturelles dans son environnement, l´anguille salée et le brochet séché, illustraient bien les disparités conditionnées par la nature. « Il existe des mondes culturels partiellement séparés par leurs cultures matérielles elles-même» (Mounin, 1990:64). Les variations de culture matérielle peuvent être énormes, d´autant plus quand il s´agit de traditions culinaires, « alltefter den omgivande naturens tillgångar » (Swahn, 1993:197), comme dans l´ancien temps. Néanmoins, le repas de la veille du Noël suédois n´existe pas en France qui a bien son réveillon mais sans équivalent à la tradition suédoise. Pour le « dopparedagen » (121), il vaudrait mieux s´adapter au fait de tremper sa soupe le soir en France.Ceci dit, la multiplicité et la traduction pourraient être comparées aux « vraies images, brèves, subtiles, allusives, imprévues, nourries de correspondences et d’acceptions qui ne se retrouvent pas facilement d’une langue à une autre » (Mounin, 1994 :50). Que la traduction correcte soit difficile est un fait dont la cause en est la multiplicité mais à ce point là, qu´il soit impossible de traduire, reste à démentir.

 

La référentialité  et la traduction

 

Svane (2002:7-8) soutient notamment que  le texte d´arrivée est plus réaliste et aussi plus référentiel dans la langue d´arrivée que dans la version originale. Les réécritures et les paraphrases serviront notamment à une traduction explicite et simplifiée mais elles risquent aussi de faire perdre le sens précis du mot.

 

L´exemple de l´un des composants de la table de Noël suédoise que Swahn considère comme l´un des éléments unifiés par des normes préconisées de la table de Noël est le risgrynsgröt > riz au lait, ce qui est l´un des résultats du développement matériel constituant tout autant un art de bien vivre. Swahn (1993:191) parle de « causes sous-jacentes » qui forment le buffet de Noël des techniques standardisées du passé quand il s´agit de la cuisine et de la conservation des aliments, en donnant l´exemple de la bouillie de riz au lait et du hareng mariné au vinaigre d´alcool. Le substantif  bouillieest l´équivalent d´un « aliment composé de farine et de lait bouillis ensemble » (Dictionnaire Le Petit Larousse, 1974:131) précise le contenu de ce plat tant influencé et débattu au cours de l´histoire suédoise à comparer à la bouillie en France qui n´a pas eu cette place prépondérante dans les plaisirs de la table. La bouillie a un sens plus général que le riz au lait, étant donné qu´il nous est impossible de savoir si elle est accomodée d´orge ou d´autres céréales. Le mot gröt a symbolisé une cuisine de tous les jours et plus spécialement le risgrynsgröt donnant un sens aux traditions culinaires.

 

Comme c´est le cas pour d´autres termes et expressions culinaires, tant enracinés dans la culture d´un pays ou d´une région, le riz au lait à Noël n´a aucune association culturelle en France contrairement à la Suède, ce qui signifie qu´il est impossible de redonner l´expression culinaire suédoise d´une façon satisfaisante en francais selon Tegelberg en nous décrivant le mot composé «  stadshotellet » traduit par le mot hôtel. Tegelberg (2000:189) nous confirme que le rôle que cet hôtel a joué dans la culture provincial en Suède, n´a pas d´équivalent dans la société franVaise voulant dire que la traduction par le nom composé grand-hôtel ne sera pas satisfaisante. Comment donc traduire ce mot composé sans équivalent dans la langue cible puisque les lexicographes montreront des divergences à la solution du problème posé : « stadshotell > Grandhôtel (de la ville) » (Norstedts stora svensk-franska ordbok, 1998:532) ; « stadshotell > Hôtel de voyageurs de (exploité par) la ville » (Hammar, T. 1970:831). Les deux traductions précédentes prennent un caractère général qui n´évoquent pas le sens exact et le contenu culturel du mot stadshotell. En conclusion, nous pouvons dire que les conceptions différentes entre cultures sont la cause essentielle de ce manque d´équivalence absolue entre les mots et les expressions.Il est quoi qu´il en soit d´importance de maintenir la signification des mots culturels tout en les faisant passer dans l´autre langue. Malheureusement, il arrive que la valeur de ces derniers diffère. Svane (2002:8) fait remarquer que le problème d´identification est celui du référent qui concerne souvent la spécificité et les références du monde culturel.

 

Par ailleurs, on pourrait se demander si l´expression riz au lait est une adaptation de la traduction du plat suédois risgrynsgröt puisque cette traduction ne donne pas naissance à des associations connotatives qui ressemblent autant possible à celles qu´éveille le mot original chez le lecteur, d´après la définition de Vinay & Darbelnet (1977:52) sur le procédé d´adaptation. Mettre ce plat en relation avec le Noël français est impensable. Malgré les paraphrases définitoires, l´authenticité et la couleur des associations que les expressions culinaires évoquent et font revivre en nous, risquent de perdre plus ou moins de leur valeur dans la langue cible.

 

 

Les “termes culinaires” et leur traduction

 

L´analyse sémantique du mot composé risgrynsgröt en français, nous laisse voir un manque de dynamisme et d´expressivité dans le plat culinaire riz au lait, comme il en est aussi le cas dans les locutions prépositionnelles suivantes: julöl (68) >bière de Noël, saffranlussekatter (67) > brioches au saffran, påskalammet (15) > l´agneau de Pâques, ärtsoppa (18) > soupe aux pois, pepparkakor (66) > gâteaux aux épices, janssons frestelse (illustration no 4) > tentation de Jansson, lutfisk > poisson à la lessive (97), doppsed (163,164) >  coutume de tremper.Ce faisant, nous pourrions nous interroger sur la nécessité de qualifier ces substantifs et d´en préciser le sens dans la langue cible, quoi que cette démarche n´apporte pas beaucoup de chose au point de vue pragmatique mais qui peut-être éveillera une certaine distinction et curiosité de compréhension dans la langue cible. Svane (2002:26) soutient que la liberté de traduction dépend de la fonction que les expressions ont dans le texte.Écrivons par exemple : bière brune de Noël, soupe aux pois jaunes au lard, gâteaux secs aux épices, agneau de lait de Pâques, gratin d´harenguets aux pommes de terre, lingue macérée dans de la soude, coutume de tremper son pain. Le sens et la matière de l´auteur sont mieux entendus par l´assemblage de ces mots. Toutefois, la lourdeur de ces expressions conduit à un style et à une structure insatisfaisantes car leur message n´arrive pas à remplir cette fonction poétique, littéraire ou esthétique outre communicative comme ce serait le cas en suédois. Mounin (1968:169) nous parle par exemple des formes stylistiques et leur rapport aux signifiés esthétiques. «  Le message est choisi dans ses éléments successifs (…)  en fonction de la forme qu´on veut donner à ce message »  (Mounin, 1968 :180). 

 

L´exemple : Janssons frestelse (illustration no 4) > la tentation de Jansson n´est pas très convaincant quant à cette traduction littérale tandis que le gratin d´harengets, d´anchois ou de sprats épicé aux pommes de terre orientera plus directement sur la composition d´un plat aux connotationssi contagieuses pour ses adeptes, dénotant des choses de leur vécu  qu´ils veulent faire passer dans le langage. « Nous apprenons en effet les mots dans des situations totalement différentes les unes des autres » (Mounin, 1968 :184).Un problème de traduction est celui des différences culturelles entre les langues et Tegelberg (2000:208) affirme que  ce phénomène apparaît très tôt dans une traduction.

 

Finalement, la traduction des termes culinaires très spécifiques, d´un vocabulaire compliqué et subtil, demande à son tour des connaissances appropriées, de bons dictionnaires, une grande expertise et des textes identiques à consulter pour pouvoir s´en sortir. Prenons par exemple les termes suivants : skurna i små tärninga ri majonnäs (699) > brunoise (Blunk 1992:13) , blandade kalla grönsaker (697) > macédoine, rostat bröd (701) > toasts, skirat smör (373) > beurre clarifié et non fondu, sila (670) > passer au chinois (Chapel 1980:21), pyttipanna (693) > salpicon (Blunk 1974:18), gegga (672) > appareil (Chapel 1980:17).   

 

 

 

 

La souplesse des mots composés suédois et  la traduction

L´adjectif et le participe   

 

Selon Ingo (1991:145),La langue suédoise montre une grande flexibilité. Ce phénomène devient clair quand on voit la variation et la grande diversité des mots composés suédois à comparer au français. 

 

Beaucoup de noms composés suédois sont traduits par un substantif français flanqué d´une épithète ou d´un participe ayant la fonction de qualification propre au nom auquel il se rapporte. Sillinläggningar (62,63) > hareng baltique mariné, slottsfamilj (95) > famille châtelaine, gravlax (486) > saumon mariné, doppebrödet (155) > pain trempé, knäckebröd (177) > pain craquant, långkål (103) > chou vert étuvé, matvanor (386) > habitudes alimentaires. On observe des changements de syntagmes dans les valeurs sémantiques, par conséquent des « transpositions » si l´on applique la terminologie de Vinay & Darbelnet (1977:50), pour en arriver à une langue cible acceptable. Les explications en français sont les causes du tout lexical que représente les mots composés suédois. Nous sommes aussi contraints à utiliser des équivalents franVais d´un sens plus général que les mots suédois comme il en est le cas pour le participe passé mariné dont la signification n´évoquera pas cette sensation de bonne chère à un franVais comme à un suédois qui a cette expérience de ce plat gastronomique gravlax.  

 

« La sémantique n´oppose pas d´obstacles infranchissables à la traduction : la propriété, la vertu, l´expressivité de certains mots – d´une minorité de mots dans chaque langue, – n´est pas un obstacle insurmontable à leur traduction, moins encore un argument contre la traduction en général » (Mounin, 1994:33). Or, le choix des stratégies pratiquées reste un atout central pour la réussite, celle de faire ressortir les caractères et le comportement des deux langues comparées. La façon dont nous procédons pour rendre le sens des expressions ci-dessous est un « procédé d´investigation » (Vinay & Darbelnet 1977:25) comprenant des observations de fonctionnement d´une langue par rapport à l´autre.

 

Dopparedagen (121) > la veille de Noël où on trempe son pain.Cette paraphrase aide à réinstituer le temps et l´action du symbolique de ce jour solennel sans en changer la signification et montre que le français explicite un stade beaucoup plus fort à l´aide de l´indicateur anaphorique la veille qui associe le temps et la référentialité de l´action.  Spillånga (243) > lingue séchée sur support. On y voit  la particularité du procédé que la lingue a subi, celui d´être étendue sur une sorte de râtelier pointu pour lui conserver la forme et la maintenir en place au cours de son traitement. Le signifié spill ne trouve pas de signifiant courant dans la langue cible. Ce manque d´équivalent, appelé «lacune »(Vinay & Darbelnet, 1977:10) est décrit par d´autres mots approximatifs comme séchée sur support et même étendue et séchée sur support, réécritures nous rapprochant de l´image de la langue source. Nous trouvons ici que lingue séchée sur support sera une traduction appropriée

 

Comme nous venons de le voir, les plats de la table de Noël suédois aux traits caractéristiques nécessitent de l´attention quant à leur traduction en franVais. Il en est de même pour un grand nombre d´expressions appartenant au domaine de l´organisation sociale si l´on s´inspire des catégories sémantiques de Tegelberg (2001:144).  

 

Il faut d´abord rappeler qu´un mot comme syrtut > surtout est un emprunt à la langue française d´après Ejdestam (1992:171) som är en « lång,  i midjan insvängd (över)rock ».

 

Un mot composé comme fiskblötareskrå (344) > corps de métier pour femmes qui mettaient à tremper le poisson. Cette paraphrase définitoire manque de précision et éveille ni de sentiments ni de pensées à un français. Il n’en est pas moins vrai que le Suédois voudrait peut-être connaître de plus près le souvenir de cette profession « där fiskblöterskorna hade sina såar med lutfisk på kornhamnstorg »  à Stockholm en 1904 d´après l´Académie suédoise et la langue informatisée.

 

Des phénomènes naturels font aussi objet à des généralisations sémantiques : Torparstugorna (386) > fermes, storbondegård (76) > grande ferme, bondebygden (82) > campagne. Ces termes d´habitation sans équivalents dans la culture française se traduisent souvent au sens général,ce qui entraîne une perte d´information importante puisque ces termes culturels symbolisent tant de singularités qui sont des niches à orgueil, au bien être et à la manière de parler. Nous observons des différences d´extension, le mot ferme a une valeur plus large, « ett ord som alltså har ett större betydelseomfång »    (Tegelberg 2000:180). La complexité du lexique franVais est plus basse qu´au suédois. Il montre un niveau plus abstrait de sémantique que le suédois selon Tegelberg (2000:13). Cette abstraction entraîne à son tour un niveau supérieur au style neutre. Une paraphrase comme la suivante est assez claire : avelsdjuren (510) > bêtes destinées à la reproduction, par contre, bondehemmen (565) > foyers campagnards montre que l´équivalent françaisne traduit pas les associations que ce mot évoque dans la culture suédoise. « Le problème est alors de trouver pour chaque mot, chaque expression, pour chaque tournure, et pour chaque effet [...] stylistique réel,

 les équivalents les plus naturellement usités » (Mounin, 1994 :75).

 

Le fait de rajouter un mot comme dans sillinläggning (62) > hareng baltique mariné renforcera la couleur locale. « Tillfogande av ett refentiellt uttryck som inte finns i originalet kan förekomma i fall där översättaren önskar precisera vad som åsyftar » (Svane, 2002 :98). Le nom propre baltique indiquera que ce sont des petits harengs pêchés à cet effet dans le golfe de Botnie et la mer Baltique, en même temps que le sens de l´expression est modifié tout en lui donnant une certaine rigidité.

 

La réécriture ou la paraphrase définitoire ont aussi tendance à s´éloigner du phénomène contextuel, celui de la liaison mutuelle que forme l´ensemble des différentes parties de discours. Gravlax (486) > saumon mariné pourrait être transposé par une longue explication sur la préparation actuelle mais qui enlèvera l´aire métalinguistique de ce plat au procédé de l´ancien temps, celui d´enterrer le saumon frais avec du sel pour l´éviter de pourrir tout en fermentant et s´acidifiant. « Puisqu´il semble bien acquis qu´une langue est à la fois le miroir d´une culture et son instrument d´analyse, il ne faut pas s´étonner que les divergences entre deux langues soient particulièrement nombreuses sur le plan de la métalinguistique »(Vinay & Darbelnet, 1977:260).  

 

Ces écarts font que la traduction se complique en ce qui concerne des mots composés comme:   Åsagrisen (169) > le cochon de la mythologie des Ases, vardagsmatlagning (184) > cuisine de tous les jours, que l´on peut considérer comme ordinaire > vanlig mat mais aussi simple et bonne > husmanskostvörtbröd (210) > pain fait au moût de bière, qui manquent d´équivalences. On a donc recours à des explications encyclopédiques de sens approximatif qui parfois ne donnent pas assez d´associations de valeur égale à la langue source. La cuisine ordinaire peut être celle d´une cantine pendant que la cuisine simple et bonne est surtout celle de chez soi qui symbolise ce que Alain Chapel, cuisinier de métier intitulera son livre édité en 1980, « La cuisine c´est beaucoup plus que des recettes », nous parlant des traditions à comprendre mais aussi du milieu familiale etc…, tandis que Kurt Genrup (1988:12), dans ses études d´ethnogastronomie ayant rapport à la civilisation et au savoir sur la gastronomie, écrit que : « ingenting är så traditionsstabilt och konservativt som vår mun och vår mage – det är t ex  ingen tillfällighet att det är våra kosthållsprodukter som sist industrialiserats i vår kultur ».  Cela confirme que les plaisirs de la table sont enracinés dans la tradition de son peuple et que ce n´est pas à l´improviste que les aliments ont été les derniers à devenir des produits industriels alimentaires. Nous pouvons vraiment dire que la gastronomie est un héritage de la société d´autrefois quoique les goûts changent au fil du temps et que nous pouvons parler d´une culture culinaire faisant partie des qualités qu´une personne se doit d´avoir.

 

Nous pouvons de même observer si l´on suit le procédé de synthèse sémantique élaboré par Tegelberg (2000:162), que certains mots composés sont traduits par un substantif simple français au sens conforme à celui de la langue source. Storbak (176) > fournée, kvällsmåltid > dîner, fjärdedel (226) > un quart, tolvtiden (209) > minuit ou midi, godsak (212) > délicatesse.

 

Un autre phénomène intéressant est celui de traduire par une généralisation sémantique en français des substantifs se composant de plus de deux mots, ce qui fait que quelque signification se perd en traduction mais qui empêche à celle-ci de devenir maladroite et lourde. Fullkornsbulle (215) > petit pain complet. Le mot bulle décrit une forme exacte, ce qui n´est pas nécessaire d´être indiqué en français. Cette omission change le style. Överklassbenämning (160) > classe supérieure. La perte du mot benämning est justifié puisqu´il n´a pas de fonction précise. Quoi qu´il en soit, il ne faut pas oublier que  l´omission d´un terme référentiel peut aussi entraîner une perte d´information rendant le texte trompeur et inutilisable » d´après Svane(2002:98).

 

 

L´adjectif et le participe

 

L´adjectif et le participe formant des mots composés font aussi objet à des explications d´ordre général et d´analyse sémantique. Lättlagad (lignes 198 et 543) > vite préparé. Nybakad (215) > frais :  cette traduction vague ne dit rien de l´action de cuire qui vient juste de se dérouler comme l´indique le mot suédois. Par contre, la traduction de nylagad (550)par la relative : qui vient d´être préparé donne une meilleure explication du participe suédois en français. Le changement de structure se voit de temps à autre au manque d´équivalent en français quand il s´agit d´adjectifs et de participes suédois simples et composés. Eriksson (1997:257) affirme que les participes passé et présent se traduisent souvent par des relatives en franVais. Dans notre traduction, il est souvent question d´analyse sémantique au niveau de syntagmes différents en ce qui est des adjectifs et des participes qui n´ont pas d´équivalents français, par exemple : öltorstigare (507) > plus assoiffés de bière, färdigberedd (129) > tout préparé, surdegsbakat (215) > cuit au levain, hemmamalen (370,371) > broyée à la façon de chez soi, mais aussi des adjectifs composés suédois traduits par des adjectifs simples français comme halvgammalt (214) > rassie, sväljbart (311) > digestible, ålderdomliga (45) > anciennes, puis encore grisrika (82) > riche en porcs. Le sens idiomatique en ce qui est du mot grisrika correspond bien entre les deux langues dans cette traduction littérale. On fait allusion à l´élevage de porcs qui était courant dans la campagne suédoise d´autrefois en même temps que le mode de vie en dépendait totalement. Cependant, l´association au mode de vie n´est pas mentionnée dans la traduction française. Stenhårda (179) > durs comme le roc, bakomliggande (59) > sous-jacentes, matglade (179) > aimant la bonne chère, lättugade (309) > faciles à mâcher, traditionskunniga (267) > connaissant bien les traditions, douée aux traditions. En fait, les particularités que ces adjectifs et participes décrivent, sont traduites par des syntagmes prépositionnels, verbaux ou nominaux. « Vid sammansatta adjektiv finns en tydligare tendens till semantisk analys än vid enkla, vilket är ganska naturligt eftersom själva sammansättningen bidrar till att öka den semantiska komplexiteten » (Tegelberg, 2000:198).

 

On peut conclure en disant que l´adjectif et le participe, formant des mots composés, demandent de la réflexion pour qu´ils soient correctement traduits en français, en particulier quand ils se composent de plusieurs mots là où la complexité n´a pas de limites en suédois. Pour traduire ce type d´adjectifs, le français se doit d´employer des groupes nominaux, verbaux mais aussi des adjectifs simples et des subordonnées. Tegelberg écrit que : « man finner svenska adjektiv med speciella semantiska valörer som inte kan  ´(direktöversättas)  till franska, de har även betydelsevalörer som framkallar speciella associationer hos svenskar och som är svåra att återge på franska » (2000:197).

 

Comment communiquer le contenu du message de mots ou d´expressions comme Särimmer, midvinterblot, en kökshistorisk pyttipanna, Janssons frestelse, lutfisk et bien d´autres groupes de mots populaires à la fois réels et imagés sans équivalents dans la langue d´arrivée? Il s´agit de trouver des adaptations simples de même valeur symbolique pour mieux redonner le sens et l´information du départ, puis encore d´autres idiomes dans la langue cible correspondant à ceux de la langue source en évitant de trop s´éloigner du style de départ et d´éviter les interférences au fait que le traducteur se laisse prendre au piège par les expressions spécifiques de la langue source. Il s´agit de comprendre et de « traduire des idées et des sentiments et non des mots » (Vinay & Darbelnet, 1997:37). Le fait de créer des situations auxquelles le message se réfère dans l´une ou l´autre langue et qui n´ont pas de rapports entre elles, pose des problèmes au traducteur. Vinay & Darbelnet (1997 :36) conseillent l´emploi d´unités de traduction  ordonnées sur différents plans aux procédés techniques choisis en fonction du problème à traiter.

LES NOMS PROPRES

 

Dans cette partie d´analyse, nous allons débattre sur la signification des noms propres dans la langue source afin de mieux approprier leur traduction sans pour cela qu´ils ne perdent trop de leur authenticité puis de leur couleur sémantique, souvent locale. On les considére comme difficiles à transposer dans la langue cible, vu leur particularité et leur manque d´équivalence que Tegelberg explique de cette façon : « Det kan röra sig om för fransmän okända geografiska egennamn, namn på i Frankrike okända personer eller kulturellt betingade egennamn, som ingalunda alltid är självklara för läsare som inte är väl förtrogna med svenska förhållanden, vilket måste tas hänsyn till vid översättning » (Tegelberg, 2000:189). Les noms propres resteront intactes s´il n´y a pas de variantes, tout en les précisant s´ils sont vraiment inconnus dans la langue cible à la façon du mot Bellman que l´on pourrait donc traduire par le poète Bellman.- Mounin écrit (1994 :78) queles noms propres doivent être gardés dans la forme étrangère à chaque fois qu´on n´arrive pas à les franciser -le contexte du texte sera un atout important à la traduction de ces derniers.

 

Est-ce que les noms propres ont un sens particulier? Représentent-ils quelque chose de précis à la réalité? Ils sont notamment dépourvus de sens lexical, n´entretenant pas de relations sémantiques.

 

Des noms propres comme Bellman (24), Västerås (29), Skåne (154), Sydhalland (102), Svealand (152), Bergen (296), Olaus Magnus (348) etc… font preuve de réalité et expriment l´effectivité des situations. Le réalisme impliquant un caractère de référentialité pose des problèmes au traducteur quand il se doit de traiter ces derniers d´une manière adéquate dans l´autre langue qui ne possède pas de connaissances sur cette réalité symbolique de la langue source et « aussi complexes que ceux qui sont posés par la translation des notions propres à une civilisation dans la ou les langues d´une autre, parce que les choses ne sont plus les mêmes » (Mounin, 1990:66). Les procédés de traduction doivent à cet effet être adaptés au contexte.

 

On pourrait généraliser les noms expressifs suédois qui n´ont pas d´équivalent en français sans oublier que ce procédé ravit leurs traits d´émotionnel. Il serait toutefois moins logique d´écrire seulement Särimner pour en faire une bonne compréhension en langue française, tout en croyant communiquer des connotations de même valeur aux adeptes de cette langue mais aussi de l´expliquer. Une autre stratégie très courante est celle d´utiliser des paraphrases au sens lexicographique du terme. La paraphrase définitoire est un moyen de procéder, de caractère général, qui n´arrivera malheureusement pas à identifier la culture et l´époque dont ces noms propres en sont les témoins.On risque de perdre le sens du nom s´il y a un manque de fidélité de traduction et celui de la complexité de référentialité. La normalisation mène à une généralisation du texte de traduction sur le plan sémantique, stylistique et culturel ce qui  «  risque d´affaiblir et même d´effacer le caractère spécifique du texte d´origine » (Tegelberg, 2000:135).

 

Dans l´exemple suivant, nous transposons l´adjectif épithète suédois en nom propre et précisons dans un tout le sens de l´expression en blekingsk skärgårdsö (75) que nous traduisons par un archipel côtier de la province de Blekinge. Au premier coup d´oeil, ce terme décrivant une région et un archipel semble ne pas poser de problèmes à la traduction qui est paraphrasée. Nous y voyons une transposition blekingsk > Blekinge et deux compensations province et côtier, aidant à garder une certaine fidélité de la langue source et à introduire un style acceptable dans la langue cible. Le mot province aide à situer le message de l´auteur, de préciser et de faire revivre le contexte du texte suédois en langue française, ce que Svane (1998:87-98) appellerait un transfert avec explication. Est-ce quele genre du nom propre Blekinge est féminin en français ? On écrit par exemple la Touraine étant donné que « les noms de provinces terminés en -e sont féminins, les autres sont généralement considérés comme masculin »  (Grammaire méthodique du français, 1994:178). Toutefois, nous avons à faire à un mot sans équivalent en français. La solution à ce problème serait d´écrire la province de Blekinge.

 

Par ailleurs, nous choisissons la solution plus idoine à nos yeux, celle de respecter les noms propres de la langue source pour maintenir une couleur dite locale et une bonne authenticité comme c´est le cas pour les noms suivants : Västerås, Götaland, Gotland, Småland selon le dictionnaire du Petit Larousse. Nous conservons la forme des noms propres suédois sauf dans les cas où les mots français s’imposent. En effet, nous observons consciemment une certaine tendance à transformer les noms propres suédois quand l´occasion s´en présente : Skåne > la Scanie, Dalarna > la Dalécardie, noms reconnus par le Petit Larousse.

 

Il est vrai que la prononciation influence la lexicographie nous obligeant de temps à autre à une lexicologie en fonction des voyelles inconnues dans la langue cible. Mounin (1994 :78) nous laisse par exemple savoir qu’au XVIIIe  siècle, les noms propres étrangers étaient exprimés par une phonétique francisée.

 

Nous noterons les variantes de traduction suivantes: Västerås > Vesterås, le son bref de la voyelle suédoise devient de ce fait, un -e en français, Småland > Smâland, avec un accent circonflexe vu que la voyelle -a est ouverte, des modifications appelées  transferts aux adaptations morphologiques et orthographiques si l´on suit la terminologie de Svane (2002:96), puis encore  Öland > l´île d´Öland, une traduction facultative et paraphrastique qui aide à préciser au lecteur par l´amplification du nom propre qu´il est question d´une île. Une autre possibilité serait de dire Öland qui est une île, pour éviter la double inscription du mot île. La modulation « se justifie quand on s´apercoit que la traduction littérale ou même transposée aboutit à un énoncé grammaticalement correct, mais qui se heurte au génie de LA »  (Vinay & Darbelnet, 1997:51). Effectivement, quand on  traduit, il faut respecter « cette espèce de génie propre à chaque langue ; qui se propose de donner l’illusion que le texte, traduit par une sorte de pastiche extrêmement subtil et non caricatural, on le lit  encore dans sa langue originale » (Mounin, 1994 :91).

 

Nous pourrions nous interroger sur l´emploi de différentes traductions d´un ouvrage à un autre ou dans un même ouvrage pour des expressions ou mots d´ordre culturel. Tegelberg affirme que « la traduction de ce genre de mots, souvent, est loin d´être évidente »  (Tegelberg, 2001:144), tout en faisant allusion aux phénomènes culturels et à la traduction d´un même mot dans un texte qui peut diverger à des endroits différents.  

 

Quels sont donc les stratégies et les procédés à observer pour résoudre ces problèmes d´art et d´esthétique? Nous pouvons répéter que le métier de traducteur est minutieux, plein d´obstacles, demandant du discernement et des soins scrupuleux des détails. Après avoir mentionné la paraphrase et la généralisation de procédés à la traduction, il serait d´importance de choisir un équivalent et un degré d´équivalence liés au sens du mot placé dans son contexte unique de la langue cible. Les expressions de signifié identique l´île d´Öland ou Öland qui est une île constituent deux énoncés de sens différent, dépendant de l´ensemble que forment par leur liaison mutuelle les différentes parties du texte.

 

La conclusion de Tegelberg sur la traduction des noms propres est celle de donner une définition du nom actuel. Prenons Västergötland que l´on traduit par autre province ou que l´on précise, en ajoutant un déterminatif comme le mot province. Quelle que soit la solution prise le traducteur doit être conscient du contexte, du caractère du nom propre mais aussi de le considérer d´un aspect pragmatique, prenant une valeur pratique dans la vérité des faits. « Un mot, dit-on, n´a aucun sens hors des contextes où il apparaît »  (Mounin 1968:161). La traduction est pour ainsi dire le sens des réalités précises, qui peut être différent d´une langue à une autre comme nous le montrent les traditions culinaires du Noël suédois et français réglementées par le temps et la religion mais dont la référentialité est de toute autre dimension. Annadagen (270) et Midvinterblot (430) sont des cérémonies inconnues pour le Français en général, mais évoquent des images culturelles pour le Suédois. « De framkallar associationsrika och kulturtypiska föreställningar om fenomen som tillhör den kultur de härrör från » (Svane 2000:27). Quelles sont les mesures à prendre pour que les sens cognitifs et communicatifs soient stimulés chez le lecteur. Comme futur traducteur, nous devons consentir aux bonnes chances de compréhension du lecteur. Ces rituels historiques ont un certain sens pour le suédois mais risquent d´être mal compris du français à cause du manque d´associations référentielles. Traduisons par des généralisations comme  le jour des préparatifs de Noël / le 9 décembre, jour des préparatifs de Noël et le fort de l´hiver aux offrandes / la fête du Solstice d´hiver, c´est à dire des adaptations dans un contexte sociohistorique et culturel que l´on pourrait comparer à l´une des stratégies de Svane sur la traduction (2002:97). Nous référant aux paroles de Mounin sur la notion d’adaptation c’est–à-dire « la recherche des équivalents les plus naturels, des transpositions, les plus justes : ce n’était plus la traduction des mots, c’était la traduction des idées, des sentiments, des façons d’agir, des façons de dire, des tournures imaginées » (1994:70). Le but de la linguistique contrastive, c´est d´essayer de comprendre et de trouver des solutions aux problèmes que le locuteur natif peut rencontrer lorsqu´il traduit un texte. Vinay & Darbelnet affirment qu´en langue d´arrivée ou langue cible, « le traducteur devra compter avec les servitudes qui entravent sa liberté d´expression et il devra aussi savoir choisir entre les options qui s´offrent à lui pour rendre les nuances du message » (1977:31).  

 

En somme, le choix de traduction a rapport au contexte et à la composition du nom propre. Il faut aussi être conscient des faits de métalinguistique qui est « une sorte d´ultima ratio vers laquelle on peut se tourner lorsqu´on est à court d´explications structurales (Vinay & Darbelnet, 1977:258).  

LES CHANGEMENTS DE STRUCTURE SYNTAGMATIQUE ET SYNTAXIQUE

 

Sur le plan de l´assemblage des mots présentant un sens complet dans la phrase, les différences de structure, puis encore les modifications de catégories grammaticales peuvent être énormes entre les deux langues. Dans ce chapitre, nous allons examiner quelques principes structuralistes et la fonction des unités linguistiques afin de mieux rapprocher deux énoncés de langues aux structures hétérogènes par leur nature même. Nous faisons allusion à la didactique, c´est à dire aux méthodes utilisées à la traduction par voie de contraste du fait que : « franskan skiljer sig avsevärt från svenskan i sitt sätt att strukturera meningen i sats och fraser. Skillnaderna är så systematiska och så djupgående att man med fog kan hävda att den franska meningen har en specifik strukturell identitet, fundamentalt olik den svenska » (Eriksson, 1997:397). Faisant une comparaison de la phrase ci-dessous dans les deux langues, nous pouvons constater que nous avons le choix de la traduction comme il en est très souvent le cas. Tegelberg parle d’un « översättaroberoende fenomen » (2000:207) et c´est justement cet attachement culturel à notre langue maternelle qu´il faut neutraliser par voie de contraste pour choisir la traduction la plus appropriée. L´exemple ci-dessous nous en donne un aperVu : Vår julmat är en lång parad av exempel på hur ålderdomliga matseder… (44,45) > Notre cuisine de Noël est une longue énumération d´exemples comment les coutumes de tradition culinaire [...], qu´une proposition interrogative soit précédée d´une préposition en suédois est tout à fait normal, pendant que le français rejette cette construction på > de. Certes, nous mettons à priori la stylistique linguistique et choississons la forme appropriée au français sans pour le moins mettre de côté la solution suivante : … une longue énumération d´exemples de la manière dont les coutumes de tradition culinaire, mais aussi … une longue énumération d´exemples à la façon dont les anciennes coutumes de tradition culinaire …

 

Riegel, Pellat & Rioul (2001:430) disent que « l´extraction met en oeuvre le procédé emphatique qui associe une locution identifiante et une relative pour extraire un constituant de la phrase et qui permet d´obtenir ainsi une phrase clivée » comme le montrent les exemples suivants : Ja, en orsak kan vara att medeltidens julfasta varade ända fram till julaftonens kvällsmåltid (189-191) >  C´est une cause pour laquelle le jeûne de Noël, au moyen âge, durait jusqu´au soir du repas de la veille de Noël. Le constituant une cause mis pour en orsak est encadré par la locution identifiante c´est le pronom relatif laquelle se rapportant à son antécédent une cause. Le fokus est mis sur une cause qui est l´élément posé, le propos de la phrase, un procédé très employé dans les phrases emphatiques clivées.

 

…och då närmar vi oss den tid som skapade denna typiskt svenska kombination (30) > …et c´est alors que nous nous approchons de la période où l´on créa cette composition typiquement suédoise. La principale devient une relative en français. L´attention est portée sur le complément circonstanciel de temps då, qui est accentué par le partage de la principale en français.

 

… först då var det fritt fram för köttfrosseriet (191) > … c´est alors que l´on pouvait manger de la viande à volonté. Le fokus est porté sur le constituant alors mis pour . On en extrait un adverbe qui selon Eriksson (1997:94) est souvent le cas : « satsklyvningens fokus är ofta ett adverbial ».

 

Selon Eriksson (1997:95), « ett ord med mycket stark klyvningsframkallande effekt är också adverbet  så  »comme on le constate dans cet exemple : så förtärs den ibland än i dag på Island (311) > c´est ainsi qu´il est parfois consommé même de nos jours en Islande. » Ett spetsställt därför med stark betoning utlöser nästan automatiskt en satsklyvning med introduktören som c´est : Därför kallar vi alltjämt lite föraktligt en enkel krog för [...] (584) > c´est la raison pour laquelle un restaurant simple est toujours appelé avec un peu de mépris [...].

 

-  sen var han ingen riktigt angenäm danskavaljer längre. (356) > -  après quoi il n´était plus longtemps un vrai cavalier de dance agréable. La relative en français est introduite par le pronom quoi, « vars relativpronomen har « satskorrelat » (Eriksson 1997:104).

 

La relativisation du groupe prépositionnel après quoi est évidente en français pour traduire le mot så, par exemple :  Under julaftonsstöket hade fruntimrerna inte tid över för att laga lunchmat åt sins karlar, så de fick försöka klara sig på egen hand, (198) > Pendant les préparatifs de la veille de Noël, les bonnes femmes n´avaient pas de temps de plus pour faire la cuisine au déjeuner de leurs maris, après quoi ils essayaient de se débrouiller à ses risques et périls. Le pronom relatif quoi précédé de la préposition après constitue une variable dont les différentes valeurs sont déterminées par le contenu de la relative.

Men inte bara de stora helgernas mat har gamla anor (17) > mais ce n´est pas seulement la cuisine des jours de fêtes qui remonte au temps d´autrefois. La principale suédoise devient une principale et une relative en français. La construction verbale ce n´est pas, correspond au pronom indéfini det en suédois sur lequel l´attention est portée. L´élément que l´on veut mettre en évidence dans la proposition suédoise devient alors un attribut dans la principale et sert d´antécédent à la relative.« Med relativisering avses att något element i en huvudsats omvandlas till ett relativpronomen » (Eriksson 1997:91). Le constituant la cuisine des jours de fêtes est extrait de la phrase à l´aide du procédé emphatique. De remonter au temps d´autrefois est présupposé. On observe une opération de focalisation du constituant. Rétablissons la phrase canonique : la cuisine des jours de fêtes ne remonte pas seulement au temps d´autrefois. La négation marque un effet contrastif faisant allusion à l´expression : encore plus.

 

Une proposition circonstancielle de temps est rendue par une relative en français : När många svenskar, särskilt i Stockholmstrakten, föredrar att ha …, är det ett minne…  (326) > maintenant qu´un grand nombre de Suédois, surtout dans la région de Stockholm, préfèrent accompagner …, c´est un souvenir… Le contexte nous fait choisir « une relative qui est obligatoire après maintenant » comme l´écrit Eriksson (1997:269).  

 

L´adverbe ju très caractéristique en suédois, provoque dans les exemples ci-dessous l´apparition d´une principale en n´est-ce pas? – man kan ju alltid värma upp buljongen – (131)   > – on peut bien toujours réchauffer le bouillon – et lutfisken är ju emellertid ingalunda julbordets enda havsinnevånare (379) > la lingue n´est pourtant pas du tout le seul poisson de mer de la table de Noël, c´est évident? La locution adverbiale précédente marque un consentement à ce qu´il est dit et demande un assentiment. 

 

La traduction de ju est aussi délicate dans les exemples qui suivent : [ ...] för det är ju i barnaåren som vi grundlägger de smakpreferenser [...](7) > [...] car c´est bien dans l´enfance que l´on met en vigueur ses préférences de goût … On portera l´attention sur l´expression orale à travers  « en satsbestämmande talaktsadverb av typen ju » (Eriksson 1997:162), och inför en sådan ligger det ju nära till hands att man bunkrar rejält dagen innan. (33) >  et en face d´une telle situation on est presque tenté de faire des réserves importantes la veille, c´est évident.

 

Nous remplacons les constructions interrogatives suédoises par des relatives en français dans ces deux exemples : Hur denne överklassbenämning slingrat sig [...] är det ingen som försökt förklara [...] (159-163) > il n´y a personne qui ait essayé d´expliquer la façon par laquelle cette expression de la classe supérieure s´est introduite … puis l´exemple :  Du som undrar hur det där dallriga vörtbrödet [...] (210)  > Toi qui t´interroge sur la façon dont ce pain de seigle gélatineux. Le français préfère la construction relative à l´interrogative qui par contre est mieux acceptée du suédois comme le montre l´exemple précédent.

 

La subordonnée complétive introduite par la conjonction att  > que, est remplacée par un groupe verbal en français. Det är ju nära till hands att man bunkrar… (33, 34) > on est presque tenté de faire des réserves [...].

 

Ty då kom lutfisken att befinna sig i exakt rätt skick… (271) > c´est que le poisson à la lessive se trouverait alors [...].  La conjonction ty change de structure en français pour en devenir une principale.

 

La circonstancielle de temps devient un groupe prépositionnel en français, par exemple : När vi sen på 1520-talet blev lutheraner fanns det [..]. (38,39) > Plus tard avec la réforme au luthéranisme en 1520, il n´y avait… mais aussi, [...] förvandlades fisken till slirvigt gelé när man kokade den (273) > le poisson se transformait en gelée lisse au cours de sa cuisson. Les exemples précédents montrent que le franVais préfère les groupes nominaux aux circonstancielles suédoises dès que les possibilités s´y présentent. Ces groupes nominaux sont introduits par les prépositions avec et à.  

 

En somme, il nous faut souvent changer l´ordre des mots et la structure des propositions et des syntagmes d´une langue à une autre pour obtenir un meilleur style de traduction. On en revient toujours au procédé d´investigation de Vinay & Darbelnet afin de découvrir les analogies et les différences entre les deux langues à l´aide de méthodes comme celles d´Eriksson élaborées dans son livre « Språk i kontrast » (1997).

 

Que ce soit des relatives, des locutions de coordination, des prépositions puis encore des complétives, il convient parfois de les rendre sous différents aspects grammaticaux à l´aide du participe présent, passé mais aussi du gérondif. Som vi grundlägger de smakpreferenser…, och som vi lämnar vidare till våra ätteläggar (7-11) > que l´on met en vigueur ses

préférences de goût…, tout en les transmettant à nos propres descendants. Nous employons un gérondif flanqué de l´adverbe tout qui renforce la préposition en. La relative et le conjonction de coordination sont alors transposées par un syntagme participial.

 

På julmarknaden i t.ex. Prag kan man vandra omkring bland stora hoar med levande karp och pekar ut just den stinna bjässe man åstundar (413-416) > à la kermesse de Noël par exemple à Prague, on peut errer parmi de grandes auges contenant des carpes vivantes en montrant du doigt exactement le colosse repu que l´on désire. Le fait de transposer la préposition med par un participe présent marque un sens plus précis à la réalité de la situation. Le gérondif en montrant indique un procés en cours de réalisation, simultané par rapport à celui exprimé par le verbe errer. Les deux principales coordonnées par och n´en font qu´une en français.

 

Un autre trait caractéristique est la transposition de la préposition genom par exemple : inom en överklass som hade råd med och betonade sin status genom att slösa med kryddor vid matlagningen (388-390) > parmi une aristocratie qui en avait les moyens tout en marquant sa position en gaspillant des épices en cuisine. Innan de på nytt började tackla av genom att själva tära på sitt vinterförråd av späck (463) >  avant qu´ils recommencassent de dépérir en rognant sur leurs provisions de lard…

 

Les transpositions s´opèrent aussi sur les propositions suédoises qui sont rendues par des participes français : Påskens ägg är ett minne från katolsk medeltid, som för vår del slutade för snart 500 år sen (13-15) > la tradition des oeufs à Pâques rappelle au souvenir du catholicisme, prenant fin il y a presque 500 ans en ce qui nous concerne… on remplace la relative suédoise par un participe présent comme nous le faisons pour une complétive dans l´exemple suivant : Att jag nyss gjorde gällande att julbordets fläskhekatomber [...] (446 ) > venant de mettre récemment en vigueur que les hécatombes de viande de porc… Le participe aide à l´analyse sémantique de mots suédois sans équivalents français. Till alla de magsyreproducerande feta julrätterna (264,265) > à tous les plats de Noël contribuant aux aigreux d´estomac. Nous utilisons le participe présent pour mieux rendre les relations sémantiques de complexité du participe passé suédois que l´on pourrait comparer aux adjectifs composés suédois qui selon Tegelberg (2000:198) demandent ce type d´analyse parce que leur composition même augmente leur complexité sémantique.

 

On voit par ce qui précède que  la forme participiale est une forme vivante et peut exprimer des valeurs sémantiques différentes comme Eriksson l´affirme dans son livre « Språk i kontrast » (1997) en écrivant que : « till skillnad från den svenska presensparticipformen är den franska i hög grad levande form. Den kan som motsvarighet till en svensk huvudsats uttrycka ett antal semantiska valörer » (1997:105).   

 

 

 

LE FRANÇAIS EST UNE LANGUE LIÉE

 

 

Le titre de ce chapitre qui relève de la structuration, semble à première vue être contestable. Cependant, Vinay & Darbelnet (1977:220) soutiennent cette controverse en constatant que dans leur message les éléments du français « ont une très grande cohésion intérieure ». La cohésion exprime à son tour  « l´union, la connexion entre les parties d´un même tout » (Larousse synonyme 1971:12). Cette cohésion est déterminée sur le plan grammatical et lexical par la présence de locutions conjonctives, connecteurs et compléments implicitement marqués dans le texte et provoquant des relations entre les différentes phrases du texte.

 

Par ailleurs, la cohérence est plutôt les formes sémantiques et syntaxiques par lesquelles le texte s´exprime, permettant au lecteur d´en comprendre le sens à l´aidede connaissances personnelles. Nous nous sommes antérieurement interrogés sur le « monde culturel »  et plus spécialement celui des expressions culinaires puis encore des difficultés de les faire passer d´une langue à une autre.

 

D´étudier les différentes stratégies employées dans la traduction doit être fructeux dans la linguistique stilistique contrastive, Dauzat (1953, art. du 8 janvier dans l´Éducation Nationale), a écrit « que ce n´est pas pour rien que la langue française est une langue liée »,une langue qui n´aime pas les répétitions de noms propres en les remplaVant par des adjectifs pronominaux ou des pronoms dans le but de se rapprocher de ses lecteurs.

 

Nous verrons tout d´abord l´importance de la forme pronominale en français par rapport au suédois et comment les formes lexicales, grammaticales et syntaxiques sollicitent une intégration d´un tout final de structure globale. Nous ajouterons des qualificatifs là où il n´y en a pas en suédois sans pour cela alourdir ou obscurcir le sens de notre traduction afin qu´elle soit conforme au génie de la langue traduite. Nous établirons plusieurs distinctions sur l´amplification ou l´étoffement qui « est le renforcement d´un mot qui ne suffit pas à lui-même et qui a besoin d´être épaulé par d´autres »  (Vinay & Darbelnet 1977:109). Cette amplification s´applique souvent aux prépositions «  qui ont besoin d´être étoffées par l´adjonction d´un adjectif, d´un participe passé, ou même d´un nom » (Vinay & Darbelnet 1977:9).Au demeurant, nous conclurons par quelques réflexions de conséquence linguistiques sur notre travail de traduction afin de promouvoir l´analyse de celle-ci.

 

 

La forme pronominale     

 

La première remarque que l´on peut faire est que le pronom personnel la, dans l´exemple suivant, détermine un animisme. On aime prêter aux choses le comportement des personnes pendant que le suédois reste plus neutre dans sa présentation : men seden att doppa[...] delar vi med alla våra nordiska grannar (138) > mais la coutûme de tremper[...] on la partage avec tous nos voisins des pays nordiques. Cette personnification des choses inanimées ou des êtres abstraits, en leur attribuant une figure mais aussi des sentiments et un langage, contribuent à une meilleure adhérence et à un certain subjectivisme que le suédois évite. 

 

Le mécanisme de la forme pronominale apporte au texte de la cohérence, lui conférant son unité afin que le lecteur s´identifie au contexte. Par contre, le suédois est plus réservé dans sa présentation. Comme le disent Vinay & Darbelnet : « le passif constate simplement; le pronominal anime »  (1977:206).

 

Ces modulations, c´est-à-dire ces «variations dans le message »  (Vinay & Darbelnet 1977:51), à la forme facultative, d´adjectifs possessifs font que le texte est intimement lié :  De smakpreferenser (8) > ses préférences de goût, ända till dödsdagar (10) > pour le restant de nos jours, [...] skulle offerera svenska gäster [...] (22) > [...] qui offrirait à ses invités suédois, de stora helgernas mat har gamla anor (17) >  la cuisine des jours de fête qui a son origine dans l´ancien temps, Göteborg med omgivningar (337) > Göteborg et dans ses environs, de hade sitt eget sätt att laga mat och att välja rätter (94) > ils avaient leur propre façon de faire la cuisine et de choisir leurs mets, [ ...] före potatisens ankomst till landet (557) > [...]. Avant l´arrivée de la pomme de terre dans notrepays.  « Ils marquent la possession au sens strict et au sens large du mot »  ( Larousse de poche 1973:VII ).

 

L´utilisation de pronoms est plus courante en français qu´en suédois. Ils amplifient l´exactitude du texte en qualité de référents et marquent ultérieurement l´enchaînement des faits en soulignant les noms qu´ils représentent. Det godaste som stod till buds alltefter bygdens och ekonomins förutsättningar (88) > la meilleure que l´on pouvait s´offrir selon les conditions économiques et celles du terroir , [...] har strängt taget i praktiken blivit dagen före julafton (121) >[...] est pratiquement devenu à proprement parler celuide la veille de Noël. [...] andra julseder än de grisrika bondebygdernas (82) > [...] d´autres coutumes de Noël que cellesde la campagne riche en porc. Le pronom démonstratif est un point de repère servant de charnière à la proposition. Il indique ultérieurement l´enchaînement des faits et tient la place du nom en montrant les choses concrètes dont parlent les coutumes. Kan [..] jämföras med dagens oljehandel (477) > peut très bien être comparé à celui du pétrole, en god del av det kom dock aldrig att vandra den vägen (497) > cependant une bonne partie de celui-cin´arrivera jamais à suivre ce chemin. Le ci  marque un rapprochement et renforce le pronom celui puis encore la cohérence de la phrase [...] sänkte sig verkligen inte till den nivå (96) > [...]  ne s´abaissait certainement pas à ce niveau-. L´adverbe de lieu qui est de ce fait une anaphore adverbiale là, renvoie à l´expression référentielle ce niveau déjà mentionnée.  [...] och då erbjöd grytdoppet en utmärkt form av självbetjäning (201) > [...] et l´action de tremper dans la marmite devint à ce moment- une excellente forme de libre-service. Nous pouvons aussi observer un étoffement des démonstratifs par transposition en ce qui concerne les deux exemples précédents.

 

L´anaphore adjectivale telle dans cette phrase : [ ...]  och inför en sådan ligger det ju nära [ ...](33) > [...] et en face d´une telle situation on est presque tenté [...], a une valeur de cohérence, celle de représenter la proposition antérieure. 

 

Så blandar du [..]. (639) > c´est ainsique [...]cet adverbe a une fonction anaphorique, celle de reprendre un fragment du texte. Ces pronoms démonstratifs et adverbes sont anaphoriques puisqu´ils dépendent d´autres expressions figurant antérieurement dans le texte. « La cohérence d´un texte repose en partie sur la répétition »  (Riegel, Pellat, Rioul 2002:610). Par ailleurs, les anaphores nominales, adverbiales et adjectivales entretiennent différents types de relations avec leur antécédent.

L´étoffement

 

« L´outillage de la langue révèle à chaque instant cette primauté du substantif »  (Vinay & Darbelnet 1977:102). Des verbes simples directs et précis suédois sont rendus par des locutions verbales accompagnées d´un substantif par exemple : vi grundlägger (7) > que l´on met en vigueur, tillämpa (185) > mettre en pratique, det har väl återförts dit (130) > cela a bien été remis à jour. Les exemples ci-dessus nous montrent que «  d´une faVon générale les mots francais se situent à un niveau d´abstraction supérieur à celui des mots anglais correspondants » (Vinay & Darbelnet 1977:59). La remarque de Bally reste vraie si on oppose le franVais au suédois.Les verbes suédois des exemples ci-dessus nous confirment que le suédois est une langue plus directe et précise. Le franVais utilise souvent les verbes mettre placer et aller qui ne sont pas strictement circonscrits. Il faudra écrire par exemple mettre en pratique pour préciser la fonction du verbe. Le franVais aime utiliser des expressions métaphoriques pour traduire des verbes concrets suédois. Franskan tillgriper metaforiska uttryck för att « färga » språket (även fackspråket) par exemple : Titta till den ibland (ligne 659) > Y  jeter un coup d´æil de temps à autre. En fin de compte, nous pouvons citer Malblanc qui dans son livre de stilistique comparée du franVais et de l´allemand, édité en 1968,nous fait apprendre que :  « en face du mot franVais qui semble un signe arbitraire et ne prend souvent sa signification que par son alliance avec les autres mots, le mot allemand, grâce à sa composition même, est un signe motivé qui évoque le réel » (1968 :45). La théorie pour l´allemand pourrait être appliquée au suédois.       

 

Cette amplification se remarque aussi dans les verbes français de caractère général souvent accompagnés d´un substantif pour mieux les qualifier, les préciser et se rapprocher de l´équivalent suédois : därom tiger källorna (317) > à ce sujet les sources en gardent le silence, och bör därför kunna fungera (263) > ce qui devrait pour cela remplir une fonction, isen hindrade från fångst (290) > la glace était un obstacle à la pêche, ståta (553) > faire étalage, härstammar (156) > avoir son origine. Puis encore des participes suédois employés comme substantifs et rendus par des locutions verbales construites autour d´un nom  Ätandet (12) > faire bonne chère, magsyreproducerande (264) > contribuant aux aigreux d´estomac, en sussande sköldpadda (647) > une tortue qui fait dodo. Vinay & Darbelnet écrivent que « le rôle prépondérant du substantif français a été constaté maintes fois, aussi bien par les hommes de lettres que par les linguistes » (1977:102).

 

Nous ajoutons quelques adjectifs épithètes là où il n´y en a pas dans la langue source pour mieux déterminer et renforcer la cohérence du texte. …att de hos oss tillåts ersätta den svenska julmenyn på de stora helgdagarna (117) > …que l´on permet chez nous de faire remplacer le menu de Noël pendant les festivités mêmes, med tärnat rökt sidfläsk (365) > de lard fumé en petits dès. L´ajout de la locution prépositive à la fois permet de renforcer la comparaison des deux affirmations qui suivent : de sätt varpå man förr i tiden försökte göra Julens maträtter särskilt goda eller festliga till formen (64) > la façon dont on essayait de faire autrefois des plats cuisinés de Noël à la fois  particulièrement savoureux et de bonne apparence.

 

L´étoffement, qui est le renforcement d´un mot et qui a besoin d´être épaulé par d´autre comme le disent Vinay & Darbelnet (1977:109), est un phénomène courant quant aux verbes à particule de très grande importance dans les langues germaniques parce qu´ils renforcent le dynamisme de ces langues. La question reste à savoir de quelle manière il faut les traduire en français pour se rapprocher de leur complexité sémantique. Les particules suédoises nous donnent une meilleure indication sur la modalité de l´action comme nous le voyons dans l´analyse du verbe blötas upp (251) qui décrit un procédé précis, celui de tremper à grandes eaux, à bain profond  ou d´immerger, si l´on veut paraphraser le verbe suédois ou largement trempé à un sens plus général. Le fait de changer de catégorie grammaticale là où deux signifiés permutent entre eux est appelé chassé-croisé selon Vinay & Darbelnet.

 

Blötas upp > largement trempé, montre que le suédois décrit la modalité de l´action blöta pour en terminer par le résultat upp. Il est évident qu´on immerge tout d´abord le poisson pour en déterminer par la suite la quantité d´eau qu´il faut y mettre. Or, la démarche du français implique un résultat marqué par l´adverbe largement pour en finir par le moyen, celui de tremper, d´immerger. Par contre, la traduction de l´exemple ci-dessous ne donnerait pas de chassé-croisé : blötas upp > trempé à grandes eaux ou à bain profond mais aussi à beaucoup d´eau ou blötas upp (251) > immergé.     

 

Les verbes à particule (préposition ou postposition) posent d´autre part quelques complications surtout à la description du réel là où l´anglais, comme l´expriment Vinay & Darbelnet (1977:105), suit l´ordre des images tandis que même dans le concret le français préfère un ordre qui n´est pas nécessairement celui des sensations. Un phénomène que l´on pourrait appliquer au suédois. Leva vidare (511) > continuer à vivre, représente un chassé-croisé établi entre les deux langues. L´action de vivre arrive en première position en suédois mais le français va tout de suite au résultat, ce que le suédois exprime par l´adjectif vidare.

 

Les stratégies par lesquelles on parvient à traduire les verbes à particule sont souvent la généralité qui aboutit à une neutralisation de la langue source mais aussi la paraphrase définitoire, une sorte de réécriture à laquelle sont employées des propositions et des locutions. La traduction littérale est possible quand on y trouve des équivalents appropriés en français :  Mjuka upp (298) > ramollir, le préfixe ra donne l´image d´amollir de nouveau, de rendre mou quelque chose de très dur. On se rapproche mieux de la modalité de l´action mais surtout du résultat de celle-ci. Il en est de même pour le verbe föra tillbaka > ramener. En outre, la traduction du verbe äta upp > manger complétement ou entièrement, montre que la particularité de l´action est exprimée par une espèce de relation en suédois et une espèce adjointe en franVais (Vinay & Darbelnet, 1977:94).

 

Les prépositions suédoises sont de temps en temps traduites par des locutions prépositives en français, ce qui apporte aux phrases des éléments expressifs plus forts en leur donnant une certaine caractérisation. «  Il n´est pas rare que cette locution soit construite autour d´un nom, ce qui permet une plus grande précision »  (Vinay & Darbelnet, 1997:104). Vinay & Darbelnet affirment que « nulle part l´étoffement n´apparaît plus clairement que dans le domaine des prépositions » (1997 :109) lorsqu´il s´agit de la comparaison du français à l´anglais, ce qui pourrait être appliqué au suédois, langue germanique par excellence. Par exemple : innanför (76) > à l´intérieur de, inför (33) > en face de, ibland (12) > de temps à autre, sedan (566) > par la suite, förutom (410) > mis à part. Les locutions contribuent à ce que le lecteur s´approche du texte,  grâce au rôle de structuration qu´elles occupent. La stylistique comparée des espèces précédentes montre aussi la prédominance du substantif en franVais.

 

La répugnance du français à employer des adverbiaux en comparaison du suédois, aboutit par exemple aux options suivantes formées autour d´un nom qui précise de quoi il s´agit et varie avec chaque contexte : dessutom (532) > par dessus le marché, än egentligen (368) > qu´en réalité ou qu´à vrai dire, rent utav märkvärdigt (12,13) > d´une façon remarquable, sannerligen (504) > en réalité, som fanns tillgängligt (181) > que l´on avait sous la main, därmed (516) > de ce fait, därom (317) > à ce sujet, långt ute på (235) > en pleine mer, nog (132) > sans doute, oftare (86) > la plupart du temps, alltefter (89) > en fonction, gärna (314) > de préférence, minsann (256) > en effet. Toutefois, nous trouvons la locution adverbiale d´ores et déjà plus appropriée au contexte que l´adverbe déjà pour traduire l´adverbe suédois redan (6) comme il en est aussi le cas pour l´adverbe ibland (12) qui devient une locution adverbiale en français de temps à autre.

 

Les assemblages de mots sur le plan morphologique sont aussi distingués dans le cadre des locutions conjonctives et des conjonctions. La forme simple de la conjonction de temps när est rendue par une forme composée qui renferme deux éléments soudés : la préposition lors et la conjonction simple que. Som när det gäller våra matvanor (3,4) > que lorsqu´il est question de traditions culinaires. Une autre particularité contrastive : för det är ju i barnaåren… (7) > vu quec´est bien dans l´enfance. La conjonction de subordination pourrait être transposée par la forme composée participiale vu que mais notre option sera celle de choisir un participe présent :  för det är ju i barnaåren  (7) > étant, n´est-ce pas dans l´enfance.

 

Quelques connecteurs permettant « l´enchaînement linéaire des éléments référentiels nécessaires à l´interprétation du texte » (Riegel, Pellat & Rioul 2001:616) pourraient être nomnés. La conjonction de coordination men när det gäller (11) > mais lorsqu’il s’agit, liksom (104) > ainsi que, medan (371) > pendant que.

 

Les locutions conjonctives suivantes se composent de prépositions comme à, de et en qui intercalent ce devant que, pendant que les formes grammaticales suédoises sont plus simples.

[...] som för vår del slutade för (14) > prenant fin [...] en ce quinous concerne. Nous observons une dislocation qui marque la rupture thématique du souvenir médiéval des oeufs de Pâques.

 

En del av sin status anses den kunna ha fått av att den, till skillnad från det mesta man åt i självhushållets gårdar, var “köpemat” (342) > on pense qu´une partie de son prestige lui a été donné à ce qu´elleétait une denrée de vente, à la différence depresque tout ce quel´on mangeait dans les fermes d´autarcie, [...] om vad man fick och inte fick äta (285) > de ce que

l´on avait le droit de manger et de ne pas manger.

 

Le français n´aime pas beaucoup la répétition, par exemple de noms propres, de groupes nominaux etc … Il préfère les remplacer par des pronoms et donc amplifier la cohérence du texte. Il ne faut pas non plus oublier le rôle diversifié de structuration des pronoms, celui de la commodité stylistique mais aussi celui du maintient du thème.

 

L´omission du groupe nominal de l´exemple ci-dessous est justifié pour éviter la répétition. Men torsdagens ärtorgier är mycket äldre än så (26) > mais d´en faire des orgies est beaucoup plus vieux que cela / mais l´abus de déjeuner à la soupe aux pois le jeudi remonte à des temps lointains. Nous présentons deux traductions mais choississons la première. Le pronom ensert de bon référent à la soupe aux pois et se suffit à lui-même vu le contexte.

 

Pour conclure, il est à constater que les constructions prépositionnelles, conjonctives et participiales donnent du poids au texte, le rendent cohérent et contribuent à sa structure. Ces locutions sont souvent le résultat de la traduction de prépositions, d´adverbes et de particules  suédois. Leur rôle de structuration fait que le texte s´organise sur le plan syntaxique et sémantique. Les connecteurs renforcent aussi le sens du texte et les rapports que les conjonctions, les locutions, les groupes prépositionnels et bien d´autres déterminent entre les propositions.  

 

 

 

CONCLUSION

 

Le but de ce travail de traduction était d’en savoir ses limites mais aussi d’en élaborer nos possibilités sur un corpus de thème culturel et donc référentiel, puis encore le fait d’en faire passer entre autres les valeurs sémantiques du suédois au français.

 

Le contenu du texte choisi a été le problème majeur de ce travail de traduction afin d´en sauvegarder le sens et de rester le plus longtemps possible à la traduction littérale. Toutefois, ce procédé de traduction peut nous faire commettre des erreurs en ce qui est de la traduction du mot à mot. « Le mot à mot souvent incorrect et presque toujours plat : le mot à mot qui trahit sûrement le texte que les infidélités les plus désinvoltes » (Mounin, 1994:55).

 

C´est la raison pour laquelle nous avons essayé de travailler sur les unités de traduction pour mieux découper les différentes parties du texte et de les faire passer dans la langue cible tout en prenant en considération la structure et la métalinguistique de la langue d´arrivée vu qu´il a été question d´un grand nombre d´adaptations à prédisposition culturelle dans cette traduction. En effet, un atout important reste celui d´établir des rapprochements entre les moyens d´expression des deux langues comparées.

 

Nous avons montré que les mots composés suédois de forme verbale, adjectivale ou nominale présentent de nombreuses difficultés de traduction en français vu leur complexité sémantique. Les problèmes spécifiques se multiplient quand il s´agit de traiter des phénomènes culturels qui n´existent qu´en langue suédoise et dont il faut trouver de bonnes adaptations en langue française. Il faut donc défaire le construit pour trouver une solution favorable à la nouvelle langue, celle d´arrivée.

 

Quand la référentialité nous manque en traduction, il faut procéder à des généralisations qui risquent de neutraliser la langue source et d´en affaiblir son dynamisme et sa spécificité. Les mots composés suédois, difficiles à appréhender nous donnent une bonne raison d´entreprendre des analyses sémantiques et d´en dégager des phénomènes qui en effet seraient autrement impossibles de mettre à nu. Ces stratégies aideront à traiter les langues dans leur propre spécificité et à renoncer de ce fait à être trop influencé par la langue source au cours de la traduction.

 

Une autre solution serait d´utiliser des paraphrases qui bien entendu doivent être employées correctement vu qu´on se sert de mots différents à ceux de la langue source. Les réécritures laissent une certaine liberté de traduction lexicale et syntaxique. Elles aident à éclaircir le sens des mots / expressions culturelles pour faciliter leur compréhension d´origine et de faire revivre la signification de ces derniers. On formule alors d´une autre manière que l´original tout en maintenant la même signification. Il faut surtout se dire qu´une traduction n´est jamais terminée et que de nouvelles possibilités d´amélioration se présentent à nous.

 

Le français, aux structures linguistiques très divergentes du suédois, il va de soi d´établir de solides stratégies pour pouvoir faire face aux problèmes de traduction. Traduire du suédois au français signifie qu´il faut essayer de jouer sur l´étendue des choses pour en arriver à une traduction stilistique convenable dans la langue cible. La phraséologie nous a pris beaucoup d´attention pour résoudre les problèmes stilistiques et pragmatiques dans la langue cible tout en restant fidèle à la langue source. Certes, les influences de la langue source sont inévitables à un jeune traducteur. Le patrimoine culturel ou de civilisation dont l´épanouissement est propre à la langue n´arrangera rien aux problèmes posés. 

 

Le fait de découvrir la caractérisation spécifique de chaque langue à traduire est un défi de grande importance pour le traducteur. L´étude scientifique linguistique entre deux langues doit se réaliser par voie de contraste, par procédé d´investigation, par examen attentif mais surtout par bonne opportunité et bon sens de la phrase qui sera les atouts majeurs à la réussite.

 

Cette étude nous a aidé à renforcer nos connaissances de linguistique contrastive pour nous engager dans la traductologie. Les dictionnaires de langue générale et aide documentaire ce faisant, la traduction faite par Rousseau L. «  Majstång, kräftor och Lucia. Svenska festseder »  de l´ethnologue Swahn J.Ö. ont été des sources d´inspiration indiscutables à ce travail de traduction et aux commentaires effectués. 

 

Au demeurant, la linguistique contrastive demande une indispensable coopération réussie pour l´intérêt des deux langues / textes comparés. Il s´agit de découper la langue de départ en mots, en syntagmes, en structures afin de mieux en capter le sens, d´être capable de créer des équivalences, puis d´y trouver une situation semblable, d´explorer les options pour la traduire correctement dans la langue d´arrivée. La conformité des situations permet alors une traduction de même valeur et de même sens.

 

La réflexion portant sur la linguistique des deux langues traitées sera un atout majeur au perfectionnement linguistique. Que ce soit la forme au service du contenu, les procédés stylistiques utilisés ou les formulations choisis pour tel type de message, il n´en sera pas moins vrai qu´il faudra en faire des études comparatives de textes aux messages différents et mettre en évidence les démarches suivies pour aboutir à une traduction.

 

 

 

 

 

 

 

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Newmark, P., 1988. A textbook of translation, New York-London-Toronto-Sydney-Tokyo, Prentice Hall,

Riegel, M. Pellat, J.C, Rioul, R., 2001 (1994), Grammaire méthotique du français, Paris, Presses Universitaires de France.

Svane, B., 2002 (1997). Hur översätter man verkligheten? Uppsala : Department of Roman languages, Univ. Ingår i : Rapporter från forskningsprogrammet Översättning och tolkning som språk- och kulturmöte ; 1.

Tegelberg, E., 2000, Från svenska till franska, kontrastiv lexikologi i praktiken, Lund, Studentlitteratur.

Tegelberg, E., 2001, Réflexions sur deux traductions de « Utvandrarna de Vilhem Moberg »,135-161, Föredrag från ett svensk-franskt översättningssymposium vid Växjö universitet 11-12 maj 2000. Eriksson, O., (utg.) Växjö University Press, Växjö.

Vinay, J.P. & Darbelnet, J., 1977. Stylistique comparée du français et de l´anglais, nouvelle édition revue et corrigée, Paris, Didier. 

 

Ouvrages consultés

 

Swahn, J-Ö., 1993, Den svenska julboken, Höganäs, Wiken : extraits du chapitre Julmaten – en kökshistorisk pyttipanna,  << Dopp i grytan, Lutfisk, Julskinkan >>.

Swahn, J-Ö., 1994,Walpurgis, écrevisses et Sainte-Lucie. Fêtes et traditions en Suède, Stockholm, l´Institut Suédois (trad. Lydie Rousseau).

 

 

Dictionnaires

 

Bailly, R., 1971, Dictionnaire des Synonymes de la Langue Française, Paris, Librairie Larousse. VI.

Hammar, T., 1970, Svensk-Fransk Ordbok, 3e uppl., Stockholm, Läromedelsförlagen, Språkförlaget.

Larousse de poche 1973 (1954) Précis de Grammaire Locutions Latines et Étrangères. Paris, Librairie Larousse.

Norstedts stora fransk-svenska ordbok. Le grand dictionnarie français-suédois de Norstedts. 1998. Stockholm, Norstedt.

Norstedts stora svensk-franska ordbok. Le grand dictionnarie suédois-français de Norstedts. 1998. Stockholm, Norstedt.

Petit Larousse Illustré. Édition 1974, Paris, Librairie Larousse.

Vising, J., 1970, Fransk-Svensk Ordbok, 3e uppl.,7Stockholm, Läromedelsförlagen, Språkförlaget.

 

 

 

Sources internet

 

T.L.F., Le trésor de la Langue Française Informatisée; http://atilf.inalf.fr/tlfv3.htm.

Svenska Akademin och språkdata, Göteborgs universitet; http://g3.spraakdata.gu.se/osa/show.phtml?filenr=1/242/61914.html

 

Documents annexes

 

1. Texte source

Swahn, J-Ö., 1993, Den svenska julboken, Höganäs, Wiken : extraits du chapitre Julmaten – en kökshistorisk pytt i panna,  << Dopp i grytan, Lutfisk, Julskinkan >>.

 

2. Texte cible

 

Mauduit, J., 2004, La cuisine de Noël – un assemblage de mets à l’ancienne, Kalmar.

 

3. Corpus

 

Mauduit, J., 2004. Analyse de traduction d’extraits choisis dans Den svenska julboken de Jan-Öjvind Swahn, Kalmar.